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28 avril 2007

Commentaires

Gerard S

Je viens de lire pour la première fois votre blog et en apprécie la qualité de la réflexion ce qui n'est pas courant sur le net. Je porte à votre connaissance un fait qui me trouble encore, car à l'époque on présentait Renault comme la vitrine sociale de la France.
Dans les années 80, j'ai étudié l'Analyse de la valeur et, entre autre, lu Ishikawa. J’ai été surpris lors de la lecture de son livre sur la qualité par la description de sa visite chez Renault. Il spécifiait qu'il avait demandé à la direction « combien d'ouvriers sont passés cadres depuis l’origine (il s'agit de cadres pas d'assimilés ce qui était une nuance chez Renault) » de se voir répondre "aucun" et que la direction avait trouvé sa question incongrue.
Je n'ai jamais pu trouver une statistique fiable sur ce sujet. Mais je pense que c'est le reflet d'une certaine mentalité managériale française. Peut-être avez-vous des éléments de réponse.

DT

Je n'ai pas plus de statistiques que vous. Votre remarque est intéressante ; pouvez-vous préciser le lien établi par Mr Ishikawa entre qualité et promotion interne ?

Gerard S

Je vous le cite de mémoire (je suis en retraite aujourd'hui), il s'agissait d'associer le travailleur au résultat final et de le motiver à la qualité du produit. Il faisait le lien entre Renault et Toyota et indiquait que cette politique ne menait pas à la qualité. Ce diagnostique c'est révélé exact Renault ayant connu par la suite de nombreux problèmes de qualité (la R18 par exemple). En fait il ne s’agissait pas de la qualité zéro défaut mais de la qualité au bon prix.

DT

J'ai souvent eu l'occasion de travailler sur des problèmes de qualité. Il m'est très vite apparu qu'il existe une corrélation directe entre niveau de qualité d'un produit ou d'une prestation et organisation du travail. Plus précisément, la nature des relations au sein de l'entreprise conditionne de toute évidence le niveau de qualité.

La vitrine sociale d'un Renault ne traduisait que des acquis légaux en matière de conditions de travail (congés etc ...)mais n'avait rien à voir avec les relations réelles dans le travail qui elles, ont toujours été difficiles dans cette entreprise, depuis ses origines. Les récents événements du Technocentre en sont un symptôme. Le fait que la CNAM ait considéré l'un des suicides comme accident du travail est un signe fort.

Brindet

Sur votre série sur les drames du Technopôle, il me vient deux réflexions :
1°) Parmi les caractéristiques de Renault qui provoqueraient ces drames, vous indiquez la surestimation de la fonction ingéniérie technique sur la fonction commerciale. Je pense que le remède n'est pas dans l'inversion de cette caractéristique. Je connais une autre entreprise française qui applique cette inversion et chez qui les "vendeurs" se suicident et plus les ingénieurs.
2°) Vous indiquez un défaut d'institutions de dialogue social chez Renault. C'est possible. Mais, il n'est pas sûr que 5 cas dramatiques soient assurément évités par un dialogue social. Ce serait dans la "marge" d'inefficacité normale d'une organisation contrôlée.
Cependant, j'attire votre attention sur d'autres caractéristiques comme le saint-simonisme .... Listez les noms désignant les différents lieux dans le Technopôle ...

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