François Bilger m’a adressé un numéro de la Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande (Tome 37 N°3) entièrement consacré à l’interculturalité franco-allemande. J’y ai trouvé un article particulièrement intéressant sur le management dans ces deux pays.
Je retiens ici un point qui me semble important : la sélection des dirigeants d’entreprise dans les deux pays.
En Allemagne elle se fait plutôt au sein de l’entreprise, en considérant que sa connaissance est un critère de légitimité.
En France, « l’identification du potentiel se fait le plus souvent à l’extérieur de l’entreprise »
Ce qui montre que « la logique hiérarchiqye de rang marquera fortement les relations entre les salariés français et leur « n+1 » tout comme en Allemagne, la logique de métier marquera la relation des Mitarbeiter allemands … à leur supérieur hiérarchique perçu comme un ” primus inter pares ” ».
En Allemagne, « le groupe est régulièrement présent … et la communication est le thème qui sera systématiquement récurrent. »
En France, « sentant son autorité attaquée, le DG français aura probablement des mots de patron français qui sanctionne et ”punit“ »
On retrouve dans ces observations l’une des caractéristiques, parce que fréquente, de l’action collective en France : elle répond à une logique politique. Les comportements sont déterminés en grande partie par la signification que l’on veut leur donner au sein d’un système de répartition du pouvoir qui d’ailleurs se réduit plus souvent à ses apparences qu’à son exercice réel.
En Allemagne, la préoccupation du groupe va être orientée en direction des faits. Elle est animée par ce que les auteurs de l’article nomment la Sachlichkeit, « cette faculté qui va droit au fait ».
La distinction est la même que celle que j’ai déjà eu l’occasion de constater entre la France et la Suède.
Par delà ces constatations, il y aurait beaucoup à dire sur la question de l’interculturalité. Juste deux remarques à ce stade en espérant que je pourrai les développer par ailleurs. On néglige trop souvent la distinction à faire entre le comportement des personnes et le fonctionnement des institutions. Ensuite, je constate que la préoccupation pour l’interculturalité (on parlait du Cross-Culturel dans les années 80) est passée au second plan depuis plusieurs années dans les disccours sur le management. Un signe des temps, à n’en pas douter.
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