Après cette image publicitaire consacrant l'idée d'une incorporation de la technologie "dans la peau", le thème refait surface chez un autre annonceur. Il s'agit toujours de technologie, mais aussi de musique.
Le message de Philips est un beau travail formel. Du tatouage à la musique, le cheminement est continu. Désormais, tout est dans la peau. Les écouteurs sont présentés non pas comme les simples convoyeurs du signe musical, mais comme des moyens d'incorporer le son.
Au delà de son formalisme réussi, le message véhicule un contenu qui est tout un programme. Il en va du statut de la musique aujourd'hui. L'écoute ne passe plus par la perception mais par la sensation. La nature matérielle du son tend à prendre le pas sur la structure tonale qui l'organise si bien que la musique est devenue bien plus une expérience physique qu'une expérience esthétique. Cette évolution est plus ancienne que l'on croit, comme je l'ai déjà exprimé.
La musique qui se déverse dans les écouteurs vantés par cette image est l'auxiliaire d'une mise en condition sensorielle et les moyens techniques de sa reproduction, notamment les lecteurs MP3, en sont devenus le facteur qui prime sur tous les autres. Une partie de la musique d'aujourd'hui a cessé d'être une fin en soi.
Voilà pourquoi les écouteurs de Philips serviront plus à graver du son dans la peau qu'à écouter de la musique qui, selon la définition de Claude Lévi-Strauss dans "L'Homme nu", "est le langage moins le sens" ou bien encore un "schème codé en son".
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