En cas d’échec entre Renault et GM, Bill Ford s’était mis sur les rangs : que va-t-il se passer ? On ne peut pas prédire l’avenir. Mais après avoir émis des doutes sur la compatibilité Renautl-GM, je pense au contraire que les affinités entre Ford et Renault sont réelles. Pourquoi ?
Louis Renault et Henry Ford se sont rencontrés à plusieurs reprises. Ils s’estimaient et se craignaient à la fois car ils se ressemblaient : autodidactes, l’esprit simple et obstiné, peu portés sur la théorie, une élocution difficile, et un goût pour l’autorité sans partage, voilà leur portrait commun.
Ces traits de caractère se retrouvent dans les deux entreprises. Les deux patrons étaient détestés de leurs employés, et les relations humaines sous leur direction étaient très dures. Le temps a passé mais il a laissé des traces ; la conception et l’exercice du pouvoir chez Renault et Ford sont encore très semblables aujourd’hui.
Une chose distinguait les deux hommes : la nature de leur obsession. Ford ne pensait qu’à produire en très grande série, Louis Renault à créer de nouveaux modèles. Ford était un producteur, Renault , un créateur. Leur différence est en réalité une belle complémentarité.
De retour d’Amérique où il a rencontré Ford pour la première fois en 1911, Louis Renault est terrifié par ce qu’il a vu dans les usines Ford. Je cite un membre de sa famille : « Un autre homme l’habite désormais qui a découvert les forces de ses concurrents, leur œuvre gigantesque. Car il a été obligé de reconnaître son infériorité. Ce qu’il a vu la-bas était « plus beau » que son usine. » Voilà l’origine du complexe américain de Renault ; c’est d’un complexe Fordien qu’il s’agit en réalité.
J’ignore si l'alliance est possible, Ford étant encore contrôlé par une famille. Mais j’ai la conviction qu’elle aurait des vertus croisées de grande envergure. Elles sont naturellement de nature économique pour les deux parties. Mais la catharsis pour Renault est évidente : le constructeur français pourrait dans le même élan conjurer le fantôme de son complexe américain et celui du regrettable échec dans son désir de fusionner avec Volvo puisque le suédois est désormais la propriété de Ford.
Rien n'indique pour le moment que les négociations vont commencer. Je suis un peu sceptique sur votre analyse parce que la famille Ford contrôle encore prèsque 40% du capital de l'entreprise. Autre difficulté; le nouveau président qui vient d'arriver. Mais sait-on jamais ?
Rédigé par : jérome | 10 octobre 2006 à 09:02