Je viens de tomber sur ce commentaire de The Economist à propos de l'échec des négociations Renault-Nissan-GM :
"La décision est un revers pour Mr Kerkorian ... Mais elle est peut-être un coup encore plus dur pour Mr Ghosn. Longtemps considéré comme le magicien le plus marquant de l'industrie automobile, son image a été ternie par des problèmes chez Renault et chez Nissan."
Parfait exemple de la façon dont un signifiant se répand dans l'espace public. Il y a encore quelques mois, Carlos Ghosn était le génie qui, de son talent magique, avait redréssé Nissan, pris la direction de Renault et était parti à la conquête de l'Amérique.
A l'évidence, l'homme n'a pas changé, pas plus que sa stratégie et rien ne peut lui être reproché. C'est là qu'intervient la logique de l'inconscient de l'entreprise. L'échec d'un raprochement avec GM fait tout basculer. On oublie les circonstances, l'appel de K.Kerkorian, pour ne voir que le résultat. C.Ghosn n'avait rien demandé. Mais il n'empêche : le fait est là.
On juxtapose Renault et l'Amérique : le contexte qui donne le sens à l'événement est celui qui est inscrit dans la mémoire de Renault, pas celui des faits récents.
C'est ça l'inconscient de l'entreprise ; bien souvent il a priorité sur la vérité des faits. Parce qu'il le détourne en permanence, c'est lui qui est producteur du sens que prennent les événements du présent.
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