La souffrance au travail est un thème qui, actuellement, prend de l'ampleur. Après Renault, c'est au tour d'IBM de figurer parmi les entreprises où le travail semble s'accomplir dans la douleur. Le suicide d'un informaticien vient d'y être reconnu par la sécurité sociale comme une maladie professionnelle. Par ailleurs, l'établissement de La Gaude a attiré l'attention de la Direction Départementale du Travail. Celle-ci s'inquiète des "risques professionnels de souffrance mentale" * qui y ont été décelés.
Dans une série de notes , j'ai eu l'occasion de montrer, à travers l'exemple de Renault, l'importance du rôle des processus inconscients de l'entreprise dans l'ambiance au travail.
IBM n'est pas Renault. Ces deux entreprises sont très différentes par le rapport que chacune entretient avec son passé. La première vénère la mémoire de Tom Watson, son fondateur, tandis que la seconde persiste dans le refoulement de celle de Louis Renault. L'une s'est structurée autour de l'autorité d'un homme ; l'autre s'est organisée en l'absence d'une mémoire et fonctionne dans la clandestinité.
On en voit les signes dans les termes employés de part et d'autre. Chez Renault, la culpabilisation des individus a promptement été mise en avant, tandis que chez IBM, un délégué du personnel a déclaré : "Les difficultés ne tiennent pas à un individu en particulier mais à un système ... C'est du harcèlement structurel." *
Défaut de structure dans un cas, excès dans l'autre. Et pourtant les effets semblent converger.
C'est l'occasion d'introduire la dimension culturelle dans le débat sur la souffrance au travail. Si le stress en entreprise est un phénomène mondial, il est aggravé en France par la difficulté particulière des relations professionnelles, comme l'a démontré Thomas Philippon.
Il est un fait que de nombreuses entreprises étrangères compensent le travers culturel français par leur maturité structurelle. Mais pour des raisons que je développerai ultérieurement, l'inverse peut se produire. Un univers fortement structuré, comme c'est le cas parfois aux Etats-Unis, peut, lorsqu'il est transplanté dans le contexte français, générer de très fortes tensions par les comportements qu'il induit.
Je pense que c'est le cas d'IBM en France.
* Le Monde 25 octobre 2007
Bonjour Didier, sans connaitre la situation de l'entreprise dont tu parles, un livre tres important pour les gens en souffrance, et qui a mis le feu !!!! et fait tomber des tabous ! je l'ai lu après avoir entendu cet auteur atypique sur RTBF, le livre s'appelle "travailler avec des cons", son auteur sous le nom de Tonvoisin Debureau denonce les harcelements de toute sorte, les comportements les plus cons qui lamine..... son site est ici
http://www.travailleravecdescons.com
le ton est leger agréable, j'ai ris à chaque page, et pris du recul par rapport aà ma propre situation, la plume est trempée dans l'acide, une vraie bombe. il s'agit d'agir avant, pas après.
Albert
Rédigé par : Albert | 28 octobre 2007 à 09:07