Anne Thevenet-Abitbol, en charge de la Prospective et des Nouveaux Concepts au sein du groupe Danone, et moi-même, avons été réunis devant une caméra du magazine Enjeux Les Echos pour échanger quelques idées sur l'inconscient de l'entreprise.
Dans un court reportage qui introduit le sujet, Leila Menchari, Directrice de la décoration chez Hermes, raconte comment elle fait parler, selon ses termes, "l'inconscient de notre univers". "Bouleversée" par les artisans de chez Hermes et "l'amour de leur travail", elle s'inspire de cette expérience. L'artisan active par un simple geste une mémoire accumulée, toujours disposée à reproduire une qualité polie par le temps.
Cette mémoire a un garant ; comme elle le dit : "Hermes est unique parce qu'il y a eu la famille, une saga". Parce que "Le passé n'est jamais mort", selon le mot de William Faulkner, chaque article d'Hermes est "un objet de vie".
"L'inconscient, c'est quoi ? c'est le rêve" conclut Leila Menchari.
Il est vrai que les entreprises rêvent en permanence et c'est peut-être la raison pour laquelle Anne Thevenet-Abitbol a pour vocation de se "promener d'un sujet à l'autre" chez Danone. Se définissant comme un "électron libre", elle incarne l'intelligence institutionnelle de l'entreprise, animée par l'énergie libre du rêve, et en marge de l'énergie liée nécessaire à l'organisation rationnelle.
Cette liberté de pensée et d'association est la voie royale pour un retour créatif du passé. Le succès de Danone autour du thème de la santé en est un exemple. "Ce n'est pas nouveau la santé chez nous" dit Anne Thevenet-Abitbol, "on se reconnecte avec l'histoire de Danone", rappelant l'origine de la marque en 1919 à Barcelone, à partir des préoccupations d'Isaac Carasso pour la santé des enfants.
Le retour DU passé est une source d'inspiration pour inventer le futur. Il est sain de le laisser parler. A l'inverse, le retour et la fixation AU passé sont des symptômes pathologiques.
Bravo ! Quel baratin ! Etre rémunéré pour flatter avec tant de style les dirigeants d'entreprises - notez que contrairement à la plupart des mes concitoyens, je n'ai aucune animosité contre eux - quel beau métier. Dire qu'il vous a fallu un doctorat de philo pour en arriver à si bien cirer des pompes et ne rien faire de plus que de la vulgaire communication, ça ne vous rend pas trop triste?
Rédigé par : Scheiro | 11 juin 2008 à 23:45
Oui, je me joins à Scheiro pour vanter la qualité de vos écrits. Je souhaite me distancier par ailleurs de ce commentaire, en espérant indiquer clairement à son auteur, s'il devait revenir sur ce blog, pourquoi je ne peux pas y adhérer.
D'abord il me semble que M. Toussaint n'est pas rémunéré pour les billets qu'il écrit sur ce site. De même je ne pense pas qu'il tire son inspiration d'une quelconque expérience professionnelle vécue directement avec le sujet de son texte. En clair, l'auteur ne semble mandaté en aucune façon par Hermès ou Danone.
Si l'on peut déduire du nombre de commentaires le nombre de visites, j'ajouterais même que ce blog n'est pas un vecteur de marketing viral plausible (à moins de supposer qu'il aie la possibilité de toucher une niche particulière), et que donc aucune puissance occulte n'est en oeuvre pour dicter le contenu de ses billets (sinon peut-être l'inconscient de M. Toussaint lui-même).
Ensuite j'ai l'impression que M. Toussaint fait preuve d'un courage exemplaire lorsqu'il propose un service aux grandes entreprises qui n'est étayé que par un raisonnement logique inspiré de la psychanalyse et de la sociologie, d'autant qu'in fine (ce que contredira sans doute l'intéressé qui y verra peut être un enchevêtrement de l'inconscient d'entreprise et l'inconscient du dirigeant) il me semble que ce discours, bien loin de flatter les comités de direction, les amène à se poser des questions de fond sur la façon dont ils interprètent le quotidien et interagissent avec leur entreprise. Croyez moi, ce n'est pas le discours qu'on rencontre le plus souvent chez les consultants, et je crois que pour avoir un minimum de crédibilité en la matière un doctorat de philosophie n'est pas superflu.
Je ne cherche pas à dévaloriser votre analyse. Votre rage contre la société de communication est tout à fait compréhensible. Je crois cependant que vous ne frappez pas au bon endroit. Aller chercher dans le passé de l'entreprise les éléments de fond qui feront sa force à l'avenir, reconnaître une cohérence entre les trois temps et une causalité (induisant même une responsabilité ?) entre un acte qui inscrit de façon indélébile un engagement et l'avenir qui y est, à plus ou moins long terme, associé directement : ne trouve t-on pas dans ce billet, sous lequel vous postez votre courroux, l'exact contraire de l'idée d'une communication impatiente et éphémère ?
Rédigé par : Pfeireh | 22 juin 2008 à 16:15
Je remercie Pfeireh pour ce commentaire particulièrement juste et pertinent.
J'en profite pour apporter quelques précisions sur l'esprit de ce site.
1. Comme il l'a bien compris, je m'abstiens de faire des commentaires sur des entreprises avec lesquelles je travaille. Ni Hermes ni Danone,encore moins Renault ou la Fnac, ne figurent parmi mes clients.
2. Le discours sur l'inconscient de l'entreprise passionne de nombreux dirigeants mais il n'est pas forcément vendeur ; il me serait infiniment plus facile, commercialement, de proposer aux entreprises les recettes du moment.
3. Mais depuis longtemps, j'ai fait le choix de travailler sur la réalité de l'entreprise, et non sur un imaginaire dont la ruse consiste à leurrer, en les manipulant, aussi bien les chantres naïfs du management que leurs opposants.
4. Le commentaire de Scheiro, en effet, ne me semble pas frapper au bon endroit.
5. Je précise que je ne connais pas Pfeireh, en dehors des échanges sur ce site, et que j'en apprécie d'autant plus sa réaction.
Rédigé par : DT | 23 juin 2008 à 02:53