A phénomène nouveau, mot nouveau : les "risques psychosociaux" dans l' entreprise. Stress, burn-out et suicides sont des symptômes bien réels, mais de quoi ?
Le débat peine à décoller ; on en est réduit à deux thèses qui s'opposent, avec parfois, il faut le reconnaître, des nuances. Les entreprises ont tendance à incriminer l'environnement économique mondial ; et les syndicats s'en prennent aux dirigeants.
Les deux interprétations ne s'excluent pas. Car la dynamique actuelle de l'économie mondiale exerce, à n'en pas douter, une influence sur les comportements par la pression qu'elle génère. Faut-il pour autant accuser les personnes ? A en juger par les mesures mises en place, indicateurs de stress et sondages, on cherche à repérer les victimes potentielles d'une part et les coupables d'autre part, toujours des individus, jamais des structures.
Le grand absent est le passé, celui de l'entreprise, que l'on retrouve dans une multitude de processus du quotidien et qui conditionne le comportement de chacun. Tout se passe en fait, comme si les facteurs exogènes, mondialisation et anomie sociale, n'étaient au fond que le révélateur des mécanismes institutionnels endogènes des entreprises.
Que faire ?
Traiter les symptômes est insuffisant. Là où le risque psychosocial est latent, il est indispensable d'identifier les travers institutionnels qui sont souvent des pratiques d'une autre époque et que le monde moderne transforme en processus pathologiques : le syndrome du "petit chef" harceleur en est un exemple qui revient souvent dans les témoignages. S'il peut parfois s'appuyer sur des penchants individuels déviants, il est souvent le résultat de l'inévitable confrontation entre la recherche de la performance à très court terme et des structures hiérarchiques et sociales obsolètes au regard d'un monde qui change.
Le risque psychosocial, une occasion de rappeler ces paroles :
"... déceler et résorber les humiliations, les tracasseries, le fait que personne n'écoute personne, que personne ne réponde à personne, la hiérarchie qui contrôle sans aider ou qui s'enferme dans son pouvoir et dans son bureau."
Antoine Riboud,
Président de BSN (aujourd'hui Danone), 1972
Commentaires