Le projet de ce livre est ancien. Le cas Fnac était intéressant à plus d'un titre. Je voulais étudier une entreprise connue du grand public, dont le fondateur était encore en mesure de témoigner sur les origines. Il fallait aussi que le créateur ait déjà quitté ses fonctions, au profit d'un nouveau dirigeant, et si possible d'un nouvel actionnaire. La Fnac remplissait ces conditions au-delà de toute espérance, puisque la totalité du capital avait changé de main depuis 1977, un changement qui s'était accompagné d'une succession de sept présidents et d'un nombre encore plus important de directeurs généraux.
L'idée, comme pour les recherches que j'avais effectuées sur Renault, était de montrer comment l'empreinte du fondateur continue à se faire sentir bien après son départ.
L'autre avantage de la Fnac était que dès ses origines, il y eut deux hommes et non pas un seul, qui contribuèrent à la fondation. S'il est vrai que le caractère du fondateur est marquant, la question se posait alors de savoir comment les choses se passent dans le cas où il n'est pas seul Très vite, il s'est avéré que dans le cas d'une création à deux, c'est moins un caractère qui marque l'entreprise que la relations entre deux personnes.
Au-delà de ces critères, la Fnac présentait d'autres avantages. La société a su s'adapter aux évolutions de la société et de la technologie, en modifiant son offre. Il était intéressant de comprendre comment elle avait pu changer avec le temps. Enfin, son rapport à la culture et le rôle qu'elle joue dans ce secteur méritait que l'on s'y intéresse.
Juste avant la sortie du livre, le journal Libération avait consacré un dossier sur la fnac .
Le livre est disponible en librairie ou sur le net .
La publication de "L'inconscient de la Fnac" me donne actuellement l'occasion d'échanger ici et là sur cette entreprise. J'entends parfois dire que la Fnac d'aujourd'hui ne ressemble plus du tout à celle des origines. Il m'est parfois objecté que ce qui tient lieu d'inconscient de l'entreprise serait donc susceptible d'évoluer.
J'en profite pour revenir sur un point essentiel ; l'inconscient n'évolue pas pour la raison bien simple qu'on ne refait pas l'histoire et encore moins les traces écrites qu'elle laisse en héritage.
Ceci dit, les changements sont incontestables, il ne s'agit pas de les nier. Mais ce qui change avec le temps, ce sont les manifestations de l'inconscient mais pas sa nature.
En clair : les processus inconscients de l'entreprise sont toujours actifs mais il y a autant de façons de les gérer que de Présidents qui se succèdent.
Par ailleurs, l'environnement de la société change et les adaptations sont nécessaires. Vendre des ordinateurs aujourd'hui est bien différent de la vente d'appareils photo dans les années 50. Ce qui n'a pas changé à la Fnac, c'est l'attachement du personnel et à travers lui, de l'entreprise aux produits vendus.
La passion du produit est un "signifiant" de la Fnac que l'on ne retrouve en aucun cas chez d'autres enseignes, même spécialisées.
Rédigé par : DT | 29 juin 2006 à 16:52