L'article de Thomas Crampton paru dans l'International Herald Tribune du 27 juillet a été remarqué dans la blogosphère française, la deuxième au monde après les Etats-Unis. Le "mystère" de cet engouement suscite interrogations et tentatives d'explications.
Laurent Florès, basé à New York, livre un commentaire intéressant, précisant que les blogs français sont négatifs, egocentriques et provocateurs, comparés à leurs équivalents américains. Loïc Le Meur y voit un dérivatif salutaire à la colère de "la rue" très prompte à s'exprimer chez nous. Ces commentaires sont symptomatiques d'un pays dont on dit de plus en plus qu'il n'a peut-être pas achevé sa révolution.
C'est l'occasion de revenir à Tocqueville qui, dès 1856, montrait à quel point notre vie politique s'était au XVIIIème siècle modelée sur les milieux littéraires. Si bien que tout le processus révolutionnaire fut, selon lui, conduit par des acteurs se comportant en hommes de lettres plus qu'en hommes politiques.
Les choses n'ont pas beaucoup changé. En France, l'écrivain jouit d'un statut prestigieux, comme en témoigne chaque année le foisonnement de romans publiés. Cette compulsion à "(re)écrire notre Révolution" un peu dans l'esprit de la presse de l'époque que Chateaubriand qualifiait "d'électricité sociale" est à n'en pas douter l'une des raisons du mystère français en matière de blogs.
La charge étonnante contre Loic Le Meur menée par un blogger en mars 2006 est digne de ces discours fleuves à la Convention, lorsqu'en 1793 Girondins et Jacobins s'accusaient mutuellement de porter atteinte à l'esprit de la Révolution.
Commentaires