Très bon Thema sur Arte vendredi soir, autour de la publicité. Comme une sorte de droit de réponse à Michel-Edouard Leclerc pour sa charge un peu sévère contre la profession en France.
Il y a des publicitaires de talent en France mais au fond, une campagne n'est jamais qu'un produit. Elle reflète autant, si ce n'est plus, les processus de décision qui ont conduit à sa sélection, que l'imagination créatrice qui l'a inspirée. Ce n'est pas le talent qui est en cause, mais la structure des relations agence/client, une donnée éminemment culturelle et organisationnelle.
J'ai relevé cette phrase de Mr Devarieux, tout un symptôme : "La pub travaille en surface, ce n'est pas une oeuvre". La superficialité est peut-être le problème. Il faut connaître les processus de décisions validant une campagne pour percevoir les nombreux mécanismes d'évitement, chez l'annonceur, au sein de l'agence, et surtout dans leur collaboration, qui sapent petit à petit la créativité, la spontaneité et la pertinence. C'est précisément la perte de profondeur qui rend la publicité française souvent un peu fade.
De John Hegarty, l'un des fondateurs de BBH, célèbre agence anglaise du groupe Publicis, émane une plus grande joie de vivre professionnelle lorsqu'il dit : "Ce métier est merveilleux, on nous rémunère nos idées".
On a le sentiment que la pub française reflète un compromis politique tandis que l'anglaise est une transaction commerciale dans le registre du gai savoir.
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