La Fnac abandonne les 5% de réduction sur les livres.
Ce n'est pas une révolution. Pendant sept ans, de 1974 jusqu'à la loi Lang de 1981, la remise sur les livres était de 20%. Depuis 26 ans, donc, les 5% n'étaient plus que le souvenir d'une époque où la polémique initiée par André Essel agitait le milieu de l'édition.
Mais c'est la fin d'un symbole. Non pas tant celui des remises que celui d'un esprit combattant. André Essel avait beaucoup de monde contre lui :éditeurs,libraires, écrivains. Qu'on en juge d'après ces propos : " Monsieur Fnac (sic) est un personnage dangereux. C'est la mort de l'avenir intellectuel de la France. Vous êtes un casseur de prix, donc vous êtes un criminel ! " Les mots sont ceux de Pierre Béarn lors d'une émission télévisée de Bernard Pivot.
Je crois sincèrement que l'on se trompait de procès. André Essel ne menait pas un combat au nom de la raison marchande, mais pour la culture. En introduisant le livre à la Fnac, il a fait de l'enseigne un "distributeur de biens culturels". C'est en 1974 que l'entreprise a mis un label sur son business model.
Et trente ans plus tard ?
M.E Leclerc écrit : "En supprimant l’automaticité du rabais sur les livres, la Fnac rentre dans le rang. Fini l’agitateur ! La Fnac passe du camp des militants de la culture (démocratisation de l’accès à la culture pour tous) aux lois du marketing nourries de préoccupations financières."
Il a tort car depuis longtemps, la Fnac n'était plus un agitateur par les prix alors qu'elle le demeure dans l'esprit. Quant aux biens culturels, outre le fait que la notion évolue, la Fnac réalise plus de 60% de son chiffre avec des produits techniques. A l'heure du téléchargement gratuit de la musique et de la concentration du marché du livre autour de quelques très grands succès, il est peut-être temps de s'interroger sur le label "distributeur de produits culturels".
Lorsque M.E Leclerc ajoute :" à l’inverse du mouvement de la Fnac, nous développons résolument le secteur du livre" et " nous maintenons l’automaticité du rabais de 5 % à l’ensemble des acheteurs" je perçois un léger accent de triomphalisme d'arrière-garde qui s'enorgueillit de reprendre le flambeau d'une lutte dépassée depuis bientôt trente ans.
Et pourtant, son "fini l'agitateur" traduit ce sentiment diffus que la Fnac troque son idéal contre l'appât du gain. Il fait écho à ces propos sévères de Martin Bouygues, repris par Le Monde : "Le château m'a coûté une fortune, ce n'est pas pour que des romanichels viennent s'installer sur la pelouse !" Le château, c'est la licence, les romanichels ce sont les opérateurs virtuels de téléphonie mobile ... comme la Fnac.
Bonjour,
Je viens de parcourir avec intérêt votre note sur la FNAC : "La Fnac : les prix ou l'esprit ?"
Je trouverais intéressant d'avoir votre avais également sur le positionnement de la fnac.com par rapport à des concurrents purement on-line tels que alapage amazon, evene....etc.
Pensez-vous publier prochainement un nouvel dans ce sens ?
bien cordialement,
Nathalie
Rédigé par : Nathalie | 17 février 2007 à 20:48
Je viens de parcourir avec un grand intérêt l'article sur: "La Fnac : les prix ou l'esprit ?"
Je trouverais intéressant d'avoir votre avis également sur le positionnement de la fnac.com par rapport à des concurrents purement on-line tels que alapage amazon, carrefour....etc.
Pensez-vous publier prochainement un nouvel dans ce sens ?
bien cordialement,
M-K
Rédigé par : MARIAM | 15 mars 2007 à 22:26
Non pas dans l'immédiat. Je pense qu'il est encore un peu tôt pour déterminer la place que va prendre l'e-business dans le modèle de la Fnac.
Mais je reviendrai sur la Fnac assurément.
Rédigé par : DT | 15 mars 2007 à 23:52