A l'occasion des drames qui ont eu lieu au Technocentre de Renault et dont j'ai déja parlé, la presse révèle que des indicateurs de stress étaient en place depuis longtemps dans l'entreprise. Sans plus de détails, il est difficile de porter un jugement sur leur efficacité.
Mais c'est l'occasion d'en débattre.
Le stress est un concept à la fois prisé et opérant dans des pays où les relations professionnelles sont empreintes d'un esprit de collaboration. Je pense en particulier aux Etats-Unis et surtout aux pays scandinaves. En Suède, la conscience collective des relations au travail est telle que le stress est facilement repérable et, plus important, facile à verbaliser. Il se détache nettement de la toile de fond des relations au sein de l'entreprise.
Il en va tout autrement dans les pays où les relations au travail font l'objet de conflits plus difficiles à verbaliser. C'est le cas de la France. L'expérience le prouve et les témoignages le disent. J'ajouterai que les chiffres parlent dans le même esprit : la France a le taux d'absenteisme au travail le plus élevé d'Europe, et les français consomment le plus de psychotropes au monde.
Le stress en France est plus diffus parce que plus répandu, plus propre à notre caractère national et plus tabou qu'en Suède. Dans nos entreprises, la toile de fond relationnelle n'est pas suffisamment nette pour distinguer un stress qui leur soit directement imputable ; la composante culturelle y prend une place trop importante.
Si l'évaluation d'un coût du stress en entreprise a un sens dans les pays que je viens de citer, elle est beaucoup plus aléatoire en France. Chez nous, ce n'est pas tant le stress qui a un coût que la nature des relations dans le travail. C'est ce que n'a cessé de répéter Michel Crozier depuis les années 60.
Il faut espérer que les récents drames chez Renault contribueront à faire émerger un débat sur le sujet car il sera profitable à tout le monde : aux salariés naturellement, mais aussi aux entreprises. Il serait injuste de diaboliser Renault à l'extrême pour ce qui vient de se passer sans faire référence à certains travers culturels qui caractérisent l'action
collective dans notre pays.
Bonjour,
je suis très heureux de lire votre billet.
Au delà de l'évaluation de l'action des hommes par les chiffres, il y a des hommes qui ne se réduisent pas leur subjectivité à ces chiffres.
N'est-ce pas cela la culture ?
Cordialement
Rédigé par : Fleury | 05 mars 2007 à 07:35