Blog powered by Typepad

« L'entreprise et son identité en débat au Collège de France | Accueil | L'inconscient de l'entreprie au coeur de son identité (2) »

06 octobre 2008

Commentaires

Pfeireh

Faisant de l'évolution rapide de la nature des produits fabriqués par Nokia ou Danone une raison pour laquelle vous refusez au produit la capacité à définir l'identité d'une entreprise, vous octroyez par là même à l'identité une intangibilité temporelle.

Ainsi ce n'est pas dans ses produits, mais dans la signification de ces produits que vous nous incitez à rechercher l'identité réelle d'une entreprise.

Or je me souviens que vous m'avez répondu sous votre billet Le Mystère de la demande que la prise de conscience est possible chez une institution, et qu'
"Elle intervient lorsque le lien entre des processus concrets de l'entreprise, apparemment hétérogènes, est refait, que ce soit individuellement ou collectivement."

Mais si la prise de conscience est possible, alors la signification issue des mécanismes inconscients sera le fruit d'éléments distincts avant et après cette prise de conscience.

En conséquence l'identité que vous définissez pourrait évoluer dans le temps, d'où mes deux questions :

1) Qu'advient-il du produit d'une entreprise et de sa volonté de le concevoir, le fabriquer et le vendre lorsque la prise de conscience a eu lieu ?
2) Ne serait-il pas intéressant d'étudier les grands tournants dans la production des entreprises que vous avez citées comme de possibles occurrences d'une prise de conscience ?

Je profite de ce commentaire pour vous remercier très sincèrement de nous faire partager les réflexions présentées lors du colloque.

DT

Cette notion de "prise de conscience" mériterait en effet de longs développements. Il faut garder en tête que :

1. elle ne correspond pas au passage d'un état, dans lequel on ne sait pas, à un autre état, dans lequel on sait.
D'abord, qui serait celui qui sait ou ne sait pas ?
Ensuite, comme l'a toujours dit Freud, l'accès à la conscience n'est pas une "prise" de connaissance ; c'est une prise de parole, et qui plus est, une parole armée d'intention. Ce n'est pas un événement cognitif mais discursif. C'est une pratique, d'où la pertinence de la notion dans le cadre de l'activité d'une entreprise.

2. est inconscient dans l'entreprise, un processus qui manifeste une intention dont le sens est tenu à l'écart de l'action collective : le processus existe, il est actif, mais c'est ce qu'il signifie qui est tenu à l'écart et qui peut poser problème, ou, ce qu'on dit moins souvent, qui peut être moteur.

Un exemple : Renault voulant faire du haut de gamme, comme avec la Vel Satis. Tout est mis en oeuvre, études marketing et techniques, qualité, fabrication. Et on néglige des éléments éloignés en apparence mais qui tuent le projet : sortie de la Logan, processus d'allocation des ressources au Bureau des Etudes, relations entre Etudes et usines dans lesquelles les secondes ont peur des premières, d'où pas de remontée d'information et donc problèmes de qualité etc ...

Autre exemple : l'échec d'Ericsson dans le mobile. Tout a été bien pensé pour transformer un groupe industriel en fabricant de produits grand public. On s'est donné les moyens ; et pourtant, certains processus de décision conduisant au produit fini étaient trop lourds, longs et usants pour le produit qui était techniquement correct mais sans "âme". On a conservé des processus de décision propres à un groupe concevant et vendant des installations industrielles, pour développer des produits grand public.

3. je suis assez d'accord avec votre point deux. La pratique montre clairement que les entreprises qui savent évoluer en s'éloignant de leurs produits d'origines sont en intelligence avec leur inconscient, étant entendu que dans ce sens "inconscient" ne veut pas dire refoulé ; mais plutôt "propension naturelle" conforme au désir des origines.
La difficulté ici, est celle d'une possible confusion entre sujet et individus.

Les acteurs, dirigeants etc ..., n'ont pas besoin d'avoir pleinement conscience des processus de l'entreprise pour être en phase avec le sens profond de l'institution (son désir).

J'ai conscience de ne pas avoir épuisé le sujet mais j'espère l'avoir un peu éclairé.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.