S'il y a du fantasme dans le Web 2.0, il y a aussi les faits. Le Web 2.0 est donc un mot jeté trop tôt mais avec succès sur la place publique. Depuis, chacun essaie de lui trouver la signification qu'on n'a pas eu le temps de lui donner. Comment un mot peut-il mobiliser les énergies avant même que l'on en connaisse le sens ?
Si Web 2.0 ne veut rien dire, comme on le pense parfois, le signifiant est désormais disponible, s'offrant à qui voudra bien s'en emparer. L'ardeur de tous à lui trouver une définition est le symptôme d'une demande à la recherche d'elle-même. Le spectacle auquel on assiste en temps réel, c'est le mécanisme de la transaction entre l'offre et la demande. Comme souvent, la première, avec un temps d'avance, est une injonction adressée à la seconde, invitée à se nommer.
En admettant que Web 2.0 ne veuille rien dire, le terme postule du moins qu'il y a eu un Web 1.0. Se définissant en référence à une mémoire, il trahit sa dimension cachée, celle d'une commémoration. Web 2.0 est la nostalgie inconsciente de l'explosion festive aux accents à la fois subversifs et prometteurs qui s'est produite il y a six ans.
Il se dit souvent en anglais que le Web 2.0 annonce un monde plat (a flat world) et donc plus beau. S'agit-il vraiment d'un effet "plat c'est beau" ? Pourquoi pas, dès lors qu'il suffit de dire la chose pour la faire exister, de créer de la demande avec de l'offre ?
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