Qui se souvient du livre de Roger Priouret, La France et le management, paru en 1968 ? Pas grand monde assurément. L'époque était préoccupée par la capacité de notre pays à relever le Défi Américain, titre de l'ouvrage à grand succès de Jean-Jacques Servan-Schreiber.
En ces années, on cherchait à savoir ce qu'est un manager. Il y avait urgence si l'on voulait ne pas se laisser trop distancer par les américains sur le plan économique. Les écoles de commerce ne juraient que par ce terme. En 1972, la première année à HEC commençait par une semaine de brain storming sur le thème : qu'est-ce qu'un manager ?
Près de quarante ans plus tard, le concept n'est plus un problème. Les grandes entreprises du monde entier ont succombé à la magie du management fortement teinté de culture américaine.
Aujourd'hui, le problème ce sont les effets du management plus que sa définition. C'est ce que martèle depuis des années Henri Mintzberg de l'université Mc Gill à Montréal. Problème d'une portée universelle puisque l'universitaire canadien voit dans les travers du management à l'américaine l'une des causes majeurs de la crise d'aujourd'hui.
Muriel Jasor porte un regard intéressant sur les idées de Henri Mintzberg et dans un article paru dans le journal Les Echos, elle se demande pourquoi les spécialistes du management font défaut en France. Répondant à ses questions je lui ai fait part de quelques commentaires sur le sujet.
Il y a un problème de l'organisation de l'action collective en France, comme je l'ai déjà écrit, ici et là, mais il y a une autre difficulté : le choc permanent de la rencontre entre ce modèle français et le management américain. Autrement dit, aux critiques d'un Michel Crozier et d'un Henri Mintzberg, il faudrait aujourd'hui ajouter une réflexion sur la dimension culturelle du management. La tribune de Rudojnik parue dans Les Echos pose clairement un problème trop souvent refoulé sous prétexte que la mondialisation croissante en a fait une question dépassée.
L'innovation est dans tous les esprits, comme remède à l'atonie de la croissance. On pense en général à l'innovation produits ; l'innovation organisationnelle et institutionnelle est tout aussi importante si ce n'est plus.
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