Avec la disparition de Max Theret, une page de l'histoire de la Fnac vient d'être tournée. Son associé, André Essel étant décédé en 2005, l'entreprise a perdu les deux fondateurs qui l'ont fait naître.
S'il est vrai que Max Theret et Andre Essel ont été tous les deux des militants trotskystes avant la guerre, ils ne se sont connus que bien après, en 1952, par l'intermédiaire de Fred Zeller, un ami commun. Ils avaient déjà cessé toute activité militante. Ce point est important car très souvent, la création de la Fnac est présentée comme le résultat d'un projet politique, ce qui ne correspond pas à la vérité historique. Les deux fondateurs ont toujours pris soin de préciser ce point.
Que par la suite, le style de management, notamment celui d'Andre Essel, s'inspire d'une vision du monde trotskyste, ne doit pas étonner. Andre Essel avait été formé à cette école dès son adolescence. La Fnac a longtemps vécu sous sa direction au rythme de la "Révolution permanente". C'est d'ailleurs un point qui a été à l'origine de divergences entre les deux hommes.
Max Théret avait 41 ans lors de la création de la Fnac et il avait déjà une certaine expérience des affaires, notamment dans le domaine du développement photo. Il était également associé dans une société, l'Economie Nouvelle, qui proposait des carnets d'achat donnant droit à des réductions chez un certain nombre de commerçants affiliés.
La Fnac est née à partir du même concept, et non pas comme entreprise de distribution de matériel photo. Ce n'est que parce qu'ils n'ont pas trouvé de fabricants d'appareil photo disposés à s'affilier au système de la Fnac, que Max Theret et André Essel ont décidé de les distribuer eux-mêmes.
Les deux hommes ont profondément marqué l'entreprise.
Max Theret était un passionné de photo dès les années 30. A plus de 90 ans, il était encore très au fait des dernières technologies dont il avait suivi et adopté tous les développements pendant plus de 60 ans. En tant que leader de la distribution de produits techniques, la Fnac ne fait qu'entretenir ce qui a été la passion d'un homme pendant tout une vie.
L'autre contribution de Max Théret a été de faire évoluer le capital de la Fnac. C'est lui qui a poussé à l'ouverture du capital en 1970, puis à la vente en 1977. On peut naturellement discuter du bien-fondé d'un choix qui, très rapidement, a conduit les fondateurs à perdre le contrôle de l'entreprise. Mais Il est vraisemblable que le développement de la Fnac n'aurait pas été aussi rapide sans la volonté de Max Theret d'adosser l'entreprise à des partenaires financiers.
J'ai eu l'occasion de rencontrer Max Theret à plusieurs reprises, et chaque fois avec beaucoup de plaisir. L'homme était très affable et particulièrement attachant. Il fait partie des grands entrepreneurs de l'après-guerre.
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